Il s’est offert ce petit
hommage furtif à Adolphe Thiers, celui-là même qui réprima férocement la
Commune en 1871.
« Le silence éternel de
ces espaces infinis m’effraie », écrivait Pascal. Qu’aurait-il dit du bavardage infini de
Christian Estrosi ?
Vendredi dernier, j’ai écouté le discours
d’inauguration du nouveau président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Un
Líder minimo azuréen au mieux de sa forme !
Dans le genre
« Je ne
parlerai pas de moi mais je ne ferai que cela »
Il est vrai que
c’est le sujet qu’il connaît le mieux – et parodiant son mentor d’antan,
Nicolas-au-sang-mêlé ou encore son nouveau soutien du moment, Manuel, évoquant
ses origines catalanes,
Christian Estrosi nous a fait verser une larme sur la
carte d’électrice de sa grand-mère née en Toscane. Espérons qu’il l’a fait
plastifier.
C’était beau comme de
l’antique mais n’avait pas grand rapport avec le sujet du jour. Mais bref,
passons.
Christian Estrosi nous a
offert une promenade dans sa galerie personnelle de portraits provençaux, niçois
et alpins que ses communicants, sans doute adeptes des lectures en diagonale de
Wikipédia, avaient dû lui livrer la veille au soir.
Assez amusant fut
l’arrêt devant le portrait de Clemenceau, ce Vendéen de Provence.
En effet,
après avoir été député de la Seine de 1873 à 1885, il fut député du Var de 1885
à 1893 et sénateur de ce même département de 1902 à 1920. Un parachuté, en
somme, comme Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse à qui, durant la campagne,
Christian Estrosi en faisait le reproche en la qualifiant de « châtelaine
de Montretout »…
Notons tout de même que la « parachutée »
s’est vue offrir par les électeurs un score de 51 % au second tour dans
son département de Vaucluse quand M. Estrosi n’y faisait pas 18 % au
premier tour, aidé sans doute par sa tête de liste départementale, le député
Julien Aubert…
Là où j’avoue n’avoir pas bien
compris, c’est l’évocation de notre Adolphe national – je veux parler d’Adolphe
Thiers.
Christian Estrosi s’est en effet offert une petite halte devant le
tableau défraîchi de celui qui a donné son nom à maintes avenues en France
ainsi qu’à un lycée prestigieux de Marseille.
Personnellement, je n’ai rien
contre ce petit homme qui fut ministre de Louis-Philippe.
J’ai même, dans ma
bibliothèque, un bon mètre linéaire de sa fameuse Histoire du Consulat et de
l’Empire.
Et, pour tout vous dire, un arrière-grand-père du grand-père de
ma femme fut même nommé gouverneur général d’Algérie par monsieur Thiers
en 1871… et pas pour y développer la culture de l’arachide !
Thiers sur
qui le susdit Clemenceau écrivit :
« Le type même du bourgeois
cruel et borné, qui s’enfonce sans broncher dans le sang… »
Avouons qu’il fallait oser.
Mais Christian Estrosi ose tout.
C’est même à cela qu’on le reconnaît.
Venant
d’être élu grâce au coïtus interruptus d’une gauche en pleine débandade,
il s’est offert ce petit hommage furtif à Adolphe Thiers, celui-là même qui
réprima férocement la Commune en 1871.
Et la gauche n’a pas réagi ? Il est
vrai qu’à part MM. Vauzelle et Pezet, tout enrubannés et pomponnés dans
leurs stalle d’honneur de cette « grand-messe républicaine » selon le
rite marseillais, il n’y avait pas beaucoup de gens de gauche dans les
environs…
Allô, la gauche ?
Georges Michel via Bld Voltaire
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