Vous semblez mal placé pour donner à quiconque des leçons de morale, car rien ne vous obligeait à mettre en péril la vie de soldats français pour le prix d'un scoop.
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Cher Confrère,
Vous avez toute liberté dans
notre monde dit libre d’exprimer vos sentiments.
Vous avez ainsi publié dans Le
Monde du 20 décembre une lettre ouverte adressée à Marine Le Pen pour lui
demander
« comment elle avait pu avoir l’idée d’utiliser ces images
horribles ».
Je ne sais pas si vous avez écrit cette lettre comme
journaliste ou comme « ancien otage », qui semble être devenu une
seconde nature alors que,
Si je m’en souviens bien, les autorités militaires
françaises vous avaient expressément interdit l’accès à une zone à haut risque
tenue par les talibans.
Votre libération, au bout de 547 jours de détention, a
coûté la vie à un jeune soldat, Jonathan Lefort.
Vous semblez donc mal placé
pour donner à quiconque des leçons de morale, car rien ne vous obligeait à
mettre en péril la vie de soldats français pour le prix d’un scoop.
Je suis
navré de vous le dire, moi qui ai vu cinq de mes confrères ne jamais revenir de
reportage.
Ces images horribles largement
diffusées sur Internet, par les médias de l’époque, l’ont été comme une piqûre
de rappel pour répondre à l’odieuse comparaison qui a été faite à plusieurs
reprises par des journalistes français et écrivains bien-pensants : Ruth
Elkrief, Jean-Jacques Bourdin, Gilles Kepel, entre autres.
Au lendemain des
élections régionales qui, effectivement, avaient vu près de 7 millions de
Français (vos compatriotes, que vous le vouliez ou non) voter pour le Front
national,
comparer le FN à Daech était au minimum ridicule, au pire ignoble. Et
sûrement d’une débilité ahurissante.
Comment un journaliste a-t-il
pu avoir l’idée d’une telle comparaison, pour reprendre vos termes ?
Vous pensez vraiment que la barbarie sans nom de ces
musulmans devenus fous de par la lecture stricto sensu d’un Coran vieux
de quatorze siècles est comparable une seule seconde au programme du FN ?
Vous accusez Marine Le Pen de faire comme Daech en prônant la division, en
attisant la peur.
Vous écrivez que « l’utilisation de ces photos est
une abomination, une atteinte à la dignité humaine, et une insulte à toutes les
victimes du terrorisme ».
Halte là, cher ancien otage !
Depuis que la photo existe, et
ma carrière m’a valu d’en voir des milliers, les cadavres se sont amoncelés sur
ma table lumineuse.
J’ai vu défiler sous mon compte-fils des milliers de photos
d’hommes, d’enfants, de femme victimes du terrorisme ou tout simplement de la
guerre pris par vos confrères qui, eux aussi, ont risqué leur vie pour montrer
au monde l’horreur que pouvait commettre l’homme.
Ces photos ont été publiées
et continueront à être publiées pour dénoncer au monde l’horreur absolue de la
folie humaine.
Et je ne parle pas de l’odieuse manipulation du petit cadavre
d’Aylan…
Vous offusquer de cette piqûre
de rappel m’étonne de votre part…
N’étiez-vous pas parti en Afghanistan sur un
théâtre de guerre à la recherche de talibans qui, me semble-t-il, n’ont pour la
vie humaine que peu de respect ?
Vos images auraient pu montrer des
cadavres qui, eux aussi, avaient des familles, des parents.
Et vous concluez votre lettre par une affirmation très
politique qui a le mérite de vous situer sur la diversité politique (toute
relative) des journalistes.
« Votre terreau Marine le Pen est la misère
du monde. Votre moteur, la haine des autres. Jusqu’à la nausée. »
Effectivement, cher confrère, inutile de nous faire un dessin sur vos choix
politiques.
Mais que fait donc un reporter, si ce n’est de vivre sur le dos de
la misère du monde.
Et que faites-vous d’autre que d’attiser la division en
désignant de haine ce qui n’est qu’une réponse à… la haine ?
Oui, je sais,
vous allez répondre : F-Haine…
Mais franchement, à tout bien réfléchir, je
devine maintenant où elle se cache…
Floris
de Bonneville via Bld Voltaire
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