Après le départ du roi d'Arabie saoudite, la plage près de sa
villa redevient publique
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Par Catherine MARCIANO | AFP –
Des ouvriers démontent les installations controversées et de
rares baigneurs replantent des parasols : à Vallauris, la minuscule plage
située en contrebas de la propriété du roi d’Arabie saoudite est redevenue
publique lundi, après le départ du monarque dimanche pour Tanger (Maroc).
Fermée au public, car sous surveillance policière durant huit
jours, quand le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud était présent, l’anse de
sable de la « Mirandole » non loin de Cannes est désormais rendue aux
vacanciers.
Cet endroit peu fréquenté, à l’écart des grandes plages de
Golfe-Juan (station balnéaire de Vallauris) et accessible par un tunnel
confidentiel passant sous une voie ferrée, est surtout connu des habitants de
coquets immeubles à proximité.
Des ouvriers démontent un échafaudage métallique qui devait
servir à construire un escalier pour relier la villa royale à la plage. Un
ascenseur métallique, peu esthétique, doit également être retiré, ainsi que la
plate-forme en béton qui lui sert d’appui. Cette plate-forme coulée sans
autorisation préalable, avant l’arrivée du roi, avait démarré la polémique
voici plus de deux semaines.
Jean-Paul, un retraité du cru, scrute l’ascenseur avec
dédain: « c’est un caprice de milliardaire! ». « Je pouvais
comprendre qu’on privatise la plage pour une semaine, mais un mois cela aurait
été trop », commente-t-il avant de poursuivre son chemin vers une crique
de naturistes encore plus méconnue, à 200 mètres.
« C’est un bon début », apprécie Jean-Noël Falcou,
jeune conseiller municipal de Vallauris et instigateur d’une pétition contre
l’interdiction d’accès de la plage, signée par 151.000 personnes « de la
France entière ».
« J’entends la parole des commerçants, mais ce
n’est pas parce qu’on est riche et puissant qu’on peut tout se permettre en
France! », résume-t-il.
Il croise une habituée de la crique, signataire de la
pétition,
Juliette, cheveux blancs et bikini fuchsia, qui jubile: « on va
retrouver la plage! ».
Depuis huit jours, elle a dû marcher dix minutes
jusqu’aux autres plages publiques. « Nous ne sommes vraiment pas nombreux
à aller sur la plage de la Mirandole, on aurait très bien pu cohabiter avec la
famille royale », argue-t-elle.
De fait, peu de monde s’y prélassait lundi matin.
Un couple
de Dusseldorf (ouest de l’Allemagne) est intrigué par la présence de caméras
cherchant vainement des baigneurs.
Il est rejoint par un Milanais et sa
famille, qui aiment venir en France pour ses plages publiques alors que la côte
italienne est largement privatisée.
L’habituée, Juliette, s’insurge que certains accusent
désormais les pétitionnaires d’avoir fait fuir le roi.
« Le roi part au terme de son séjour dont il a dit qu’il
était très content », a-t-on tempéré lundi de source diplomatique
française.
Il a notamment reçu plusieurs patrons de grosses PME
françaises faisant affaire en Arabie saoudite.
Philippe Castanet, sous-préfet de Grasse chargé de protéger
le chef d’Etat, note qu’il a choisi la France pour ses premières vacances à
l’étranger.
« Il n’y a rien qui laisse penser à un départ
précipité ».
Il admet néanmoins qu’une rumeur, démentie par la préfecture,
sur une intervention royale visant à écarter une policière française de la
plage a « blessé le roi ».
Le souverain s’est rendu dimanche à Tanger où il dispose
d’une autre résidence, suivi d’environ 500 proches sur une délégation d’environ
1.500 personnes.
Le souverain était susceptible de séjourner en France entre
le 20 juillet et le 20 août, selon l’ambassade d’Arabie saoudite.
Michel Chevillon, président du syndicat des hôteliers
cannois, précise qu’une dizaine d’hôtels quatre ou cinq étoiles de Cannes
hébergeait la délégation pour plusieurs millions d’euros. La plupart des
chambres étaient bloquées jusqu’au 7 août ou jusqu’au 13 août.
Chaque année après le ramadan, plus d’un tiers de la
clientèle des hôtels de luxe cannois vient du Moyen-Orient.
Elle apprécie les
boutiques, mais aussi les chocolatiers et pharmacies de la ville.
« Certains ont fait leur chiffre d’affaires annuel en une semaine ».
Michel Chevillon ose espérer que la polémique n’a pas fait
partir le roi.
« Cela donne une image déplorable de la France ces quelques
nantis retraités qui ne pouvaient plus aller se baigner en bas de chez
eux », déplore-t-il.
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