Le dernier ouvrage
d'Alain Juppé sur l'école s'est au moins attiré la bienveillance de la ministre
intérimaire de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
À défaut de susciter l’enthousiasme chez les professionnels
de l’éducation, le dernier ouvrage d’Alain Juppé sur l’école s’est au moins
attiré la bienveillance de la ministre intérimaire de l’Éducation nationale,
Najat Vallaud-Belkacem.
Celle-ci s’est montrée ravie de constater sa
modération, reconnaissant qu’Alain Juppé la rejoignait en de nombreux points…
Il est clair que le maire de Bordeaux brille par sa capacité
à enfoncer les portes ouvertes.
À défaut d’apporter de nouveaux éléments sur
les questions scolaires, celui-ci se borne à répéter que le niveau est
insuffisant et que la racine de l’échec scolaire se trouve à l’école primaire.
On fera une évaluation, il y aura quelques aménagements, mais je ne vais
sûrement pas remettre en chantier la totalité des programmes scolaires,
prévient-il.
Ses solutions sont simples : il faut augmenter le salaire des
professeurs des écoles car, selon lui, l’enjeu est plus budgétaire que
pédagogique !
Pour le bac, il suffit de réduire le nombre de matières et
de basculer vers le contrôle continu.
À défaut d’augmenter le niveau, cela
permettra au moins de faire des économies de fonctionnement.
Le mammouth est sauvé !
Cette accumulation de poncifs et ce manque d’ambition nous
laissent sur notre faim.
Comme l’a très justement souligné le collectif Racine,
l’analyse d’Alain Juppé mérite un zéro pointé.
Il n’évoque pas les diminutions
d’horaires pour les enseignements fondamentaux (lecture, écriture, calcul), ni
les méthodes nocives d’apprentissage de la lecture comme la méthode globale, ni
la déformation des professeurs dans les ESPE (Écoles supérieures du professorat
et de l’éducation).
Aucune allusion, non plus, à la réforme des rythmes scolaires
dont les effets sont calamiteux, ni à la réforme du collège qui s’annonce,
pourtant, comme le dossier chaud de la rentrée.
Est-il d’ailleurs au courant de
l’existence de cette dernière réforme ?
En effet, invité à revenir sur les
difficultés rencontrées par certains professeurs après les attentats de
janvier.
Alain Juppé préconise de vaguement savoir ce qu’est le Coran dès le
collège.
Ne sait-il pas que dans les nouveaux programmes d’histoire de 5e,
l’islam prend désormais autant de place que le christianisme médiéval ?
En publiant un ouvrage inutile et sans intérêt sur
l’éducation, Alain Juppé nous rappelle le monde enfantin du Petit Nicolas.
Je
veux, bien sûr, parler de celui en culotte courte de Goscinny, et pas de son
rival à l’investiture des Républicains…
Comme il est attendrissant de découvrir
en début d’ouvrage les souvenirs d’enfance d’Alain Juppé, empreints de douce
ignorance et de naïveté.
L’ancien enfant de chœur se souvient de sa scolarité à
Mont-de-Marsan, petite ville bien tranquille et même un peu endormie, et de ses
professeurs, qui prenaient dans nos vies une place considérable…
Il semble ignorer que les temps ont bien changé, que les
enfants de chœur ont déserté les paroisses, que les petites villes bien
tranquilles ne sont plus si tranquilles que ça et qu’enfin, l’image des
enseignants se rapproche davantage aujourd’hui de la bande dessinée Les
Profs que de l’image sanctuarisée des hussards noirs de la République.
Au final, Alain Juppé instrumentalise l’école pour conforter
son positionnement centriste caractérisé par la plate acceptation des réformes
de la gauche sans volonté de revenir dessus.
À défaut du Petit Nicolas, c’est
le petit François Bayrou qui va être jaloux…
Julien Langard via Bld Voltaire
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