jeudi 30 juillet 2015

REVOLTE PAYSANNE !


La révolte paysanne n’est pas qu’un feu de paille



Elle pourrait embraser tout le pays.

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SHA
FaceLorsque des agriculteurs qui travaillent beaucoup plus de 35 heures par semaine ne trouvent plus dans leur activité, la vente de produits évidemment indispensables à la vie, mais aussi l’entretien de nos paysages, une source de revenus acceptables et que beaucoup sont surendettés pour répondre aux exigences de la concurrence, mais aussi à l’accumulation de normes que notre administration fait appliquer avec zèle, la révolte éclate avec une brutalité que seul un gouvernement désinvolte pouvait ne pas prévoir.

L’année dernière, les intermittents du spectacle avaient obtenu le maintien de leurs avantages en perturbant les festivals de l’été.
Cette année, les paysans ont amené le pouvoir à Canossa en fermant la route des vacances.
Dans les deux cas, des Français ou des étrangers bienvenus – les touristes – ont servi d’otages.
Dans les deux cas, l’intérêt catégoriel n’a fait aucun cas de l’image du pays et de l’intérêt général.
La loi et l’ordre ont été, comme le veut une habitude nationale, bafoués par des actions contre lesquelles le gouvernement n’a même pas osé réagir alors qu’elles portent atteinte à des piliers de notre droit : la liberté de circuler ou la propriété. 
La compréhension relative des Français revenait à dire : ils ont raison, mais ils feraient mieux de s’en prendre aux industriels, aux distributeurs et surtout aux pouvoirs publics, plutôt qu’à nos vacances.

Le ministre a émergé d’un dialogue éprouvant pour dire qu’il fallait garantir les prix et favoriser les produits nationaux. Cette conclusion de bon sens accompagnée d’un plan d’urgence de 600 millions d’euros a apaisé très momentanément la colère, mais elle revêt une fois de plus la forme d’un expédient.
De tout temps, la France a été la première nation agricole européenne.
Nos gouvernements successifs ont usé d’un rare talent pour nous priver aussi de cette réussite.
Le recul de la politique agricole commune, la fin des prix garantis et le découplage des aides et de la production visaient a faire dépendre davantage les revenus agricoles du marché et de la vente des produits.

Si certains produits français très spécialisés et réputés ne sont guère menacés, en revanche la production de base est confrontée à des concurrences étrangères qui bénéficient d’une compétitivité supérieure, comme le porc allemand ou espagnol par rapport au breton.
Plutôt que de s’en prendre aux marges des transformateurs ou des distributeurs, qui sont aussi des entreprises françaises qui procurent des emplois, c’est une fois encore la compétitivité des entreprises agricoles qui est en cause.
 
Le plan d’urgence est un aveu puisqu’il comprend notamment une dotation de 50 millions d’euros au fonds d’allégement des charges, un report de l’impôt sur le revenu, une exonération des taxes foncières et un remboursement de la TVA.
 
L’agriculture est victime, comme toute notre économie, de dépenses publiques excessives, d’une fiscalité et de charges sociales déraisonnables.

Les États-Unis usent de protectionnisme.
L’idée de bon sens que la France devrait, au moins pour les marchés publics, pour fournir les besoins des collectivités territoriales et des établissements publics, faire de même se heurte à la réglementation européenne.
Une agriculture moins taxée, moins imposée, moins soumise à des réglementations excessives, davantage regroupée pour négocier avec ses clients ou pour exporter, et bénéficiant d’une préférence nationale dans le secteur public devrait permettre aux agriculteurs de vivre et de bien vivre de leur travail et de leur savoir-faire.
Si on y ajoute une politique plus intelligente envers la Russie, l’horizon pourrait se dégager.

Le plan d’urgence est un ballon d’oxygène.
La révolte paysanne n’est pas qu’un feu de paille.
 
Elle pourrait embraser tout le pays.
 
Source : Bld Voltaire

 

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