Dernière turpitude en date : une plainte déposée par le mécène Pierre
Bergé, qui n’aurait pas apprécié que Fdesouche relaie le lien d’un
article jugé diffamatoire.
S’ériger en défenseur de la liberté d’expression est à la portée du premier
poseur venu.
Il suffit de parader aux manifs Charlie, de signer quelques
pétitions sur Internet et de dénoncer haut et fort le régime de Kim Jong-un.
Mais mettre en pratique ses belles convictions est une autre paire de manches.
Laisser ses contradicteurs s’exprimer, accepter que d’autres courants de pensée
puissent exister exige une ouverture d’esprit qui tend à se tarir à une époque
où la lobotomie intellectuelle exercée par les médias et les politiques bat son
plein.
Internet est (était ?) l’un des derniers refuges contre cette
marche forcée vers l’uniformisation cognitive.
Créé il y a dix ans, le site Fdesouche est devenu l’un des blogs les
plus influents de ce que les bobos nomment la fachosphère.
Compilant au jour le
jour les faits divers parus dans la presse, il dresse un état des lieux
saisissant des problèmes de criminalité, d’immigration et d’injustice sociale
qui asphyxient la France.
Des informations que les gouvernements n’aiment guère
voir circuler, trop conscients de l’éveil salutaire qu’elles pourraient
susciter chez les électeurs.
Forcément, Pierre Sautarel, administrateur du
site, a eu quelques déboires et quelques procès.
Dernière turpitude en
date : une plainte déposée par le mécène Pierre Bergé, qui n’aurait pas
apprécié que Fdesouche relaie le lien d’un article jugé diffamatoire.
Résultat : une perquisition au domicile de Sautarel, une porte fracturée,
du matériel confisqué, le site fermé et un interrogatoire au poste.
La proximité de Pierre Bergé avec le pouvoir n’est un secret pour personne.
Aux présidentielles de 2007, il avait copieusement financé la campagne de
Ségolène Royal.
Un quinquennat plus tard, il a pesé de tout son poids pour que
les socialistes légalisent le mariage gay. Militer pour une cause est un droit
légitime (cela fait partie de la liberté d’expression), user de méthodes
coercitives pour imposer une idéologie au plus grand nombre et confisquer la
parole à ses opposants revient à s’asseoir sur la démocratie (c’est l’abolition
de la liberté d’expression).
La démarche procède de la même logique que celle
de Manuel Valls quand il se démena pour faire interdire les spectacles de
Dieudonné en 2013.
En vérité, la gauche n’a jamais été aussi sectaire, moralisatrice
et inquisitrice qu’à notre époque. Pour éclipser son propre vide, quoi de mieux
que de réduire l’adversaire au silence ?
On peut trouver les sketchs de Dieudonné détestables. On peut estimer que
Sautarel sélectionne et manipule l’actualité à sa convenance (mais quel média
ne le fait pas ?). On peut soupçonner les deux – ainsi que d’autres
figures des mouvances de droite – d’aimer monter en épingle leurs démêlés
judiciaires pour se victimiser, entretenir leur notoriété et doper leur business.
On peut être consterné par le caractère abject de certains commentaires
d’internautes sur Fdesouche, qui n’hésite d’ailleurs pas à bannir sur le
champ les mal-pensants n’adhérant pas à 100 % à sa doxa, sans se soucier
de chahuter la liberté d’expression dont il entend lui-même tirer profit.
Car
la liberté d’expression est précisément d’accepter d’être dérangé, bousculé,
voire discrédité par son interlocuteur, dès lors qu’il y met les formes.
Censurer, interdire, jeter l’opprobre est une agonie de la pensée dans l’océan
de consensus, de désinformation et de pleutrerie qui submerge notre monde
interconnecté mais exempt de débats, où la communication éreinte la réflexion.
Eloïse Gloria
via Bld Voltaire
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