Pour
le rapporteur public, Annick Rouchon (à gauche), candidate FN « malgré elle »
sur canton de Saint-Ours-les-Roches aux départementales de 2015, a été «
abusée ».
Une habitante du
Puy-de-Dôme, Annick Rouchon, 77 ans, atteinte de cécité, ancienne militante du FN,
qui affirmait depuis des mois avoir été candidate malgré elle sous l'étiquette
Front national lors des départementales de mars 2015, s'est retrouvée mardi 19
janvier devant le tribunal administratif de Clermont-Ferrand. Faute d'avoir
présenté ses comptes de campagne. Selon le rapporteur public, cette femme a été
« abusée ». Le jugement a été mis en délibéré.
=== Retour sur une affaire ubuesque ===
16
Février 2015 => Annick Rouchon jette un pavé dans la mare
médiatique. Cette habitante de Royat figurerait contre son gré sur une liste FN
pour les élections départementales du mois de mars sur le canton de Saint-Ours-les-Roches
(Puy-de-Dôme). La dame aveugle est même... tête de liste. Elle
affirme l'avoir découvert alors qu'elle l'ignorait. Elle ne veut pas être candidate.=== Retour sur une affaire ubuesque ===
Elle téléphone à la préfecture pour que son nom soit retiré. Peine perdue :impossible d'annuler une candidature actée par les services préfectoraux.
La septuagénaire s'insurge : « J’ai d’abord été contactée par une personne du FN par téléphone pour parler des élections. Puis j’ai reçu la visite de deux responsables du FN. Elles disaient qu’elles avaient besoin de mon nom, mais j’ai fait clairement savoir que je ne voulais pas d’investiture.
J’ai 77 ans, je suis atteinte de cécité et j’ai rendu ma carte du FN il y a plus de six mois.
Elles m’ont roulée dans la farine.
Je voulais un acte de domiciliation pour pouvoir voter à Royat, mais certainement pas être investie ! ».
Côté instances départementales du Front national, on se dit étonné.
« Madame Rouchon était en retard de cotisation depuis août et nous lui avons demander de participer. Si elle ne l'avait pas souhaité, personne ne serait venu la voir. Ensuite, c’est elle qui a demandé une attestation électorale, d’après ce que je sais, et la connaissant bien, je ne peux pas m’imaginer qu’elle n’était pas consciente de ce qu’elle faisait. Elle est bel et bien candidate et elle était même très honorée. Je m’interroge aussi de voir désormais auprès de madame Rouchon deux candidats du PDF (NDLR : Parti de la France, dirigé par l’ex-frontiste Carl Lang). Et si Madame Rouchon souhaite se retirer, qu’elle le fasse ».
19
février 2015 => Annick Rouchon fait savoir qu'elle va
déposer plaintepour abus de faiblesse auprès du procureur de la
République
On apprend par ailleurs
que la Puydômoise ne serait pas la seule dans son cas : une sexagénaire de
Saône-et-Loire, qui a récemment quitté le Front national, dit avoir découvert
dans la presse locale qu'elle était candidate sur une liste FN.
Marine
Le Pen s'en mêle. Elle dénonce « une
barbouzerie ». Accuse le Parti de la France d’avoir organisé une « manip » visant à décrédibiliser le FN. La chef de file frontiste fait part de son intention de porter plainte avec constitution de partie civile.
Le délégué régional du
PDF réagit à son tour :
« A aucun moment Carl Lang n’a eu connaissance de cette
sordide affaire, les déclarations de Marine Le Pen sont donc calomnieuses
», défend-il.
Mars
2015 => Annick Rouchon a bien déposé
plainte. Mais cela n'annule pas sa déclaration de candidature, entérinée par la
préfecture. Elle est donc toujours tête de liste sur Saint-Ours et son nom sera
bel et bien écrit sur les bulletins de vote, avec celui de son binôme, un
Clermontois de 19 ans, Juan-José Jaramillo-Holguin.En désespoir de cause, la candidate FN appelle ses électeurs potentiels à ne surtout pas voter pour elle, car elle ne souhaite pas être conseillère départementale. Elle obtient tout de même 14,34 % des suffrages.
Décembre
2015 => Annick Rouchon reçoit plusieurs courriers
émanant de la commission nationale des comptes de
campagne et des financements politiques
(CNCCFP) et du tribunal administratif de Clermont-Ferrand. Il lui est
reproché... de ne pas avoir présenté ses comptes de campagne en temps et en
heure.
La septuagénaire affirme depuis toujours avoir figuré sur la liste FN malgré
elle. Mais le code
électoral (article L.52-12) s'applique à tous les
candidats et la procédure juridique suit son cours. La commission nationale des
comptes s'est tournée vers le tribunal administratif et a déposé, fin novembre,
uneprotestation électorale.
Annick Rouchon se
retrouve dans l'obligation de présenter au tribunal « un mémoire en défense »
et de justifier le fait de ne pas avoir révélé ses comptes de campagne. « Je ne
sais plus quoi faire », déplore la septuagénaire, « très embêtée » par cette
affaire qui lui « pourrit la vie ». 19 janvier 2016 => Annnick Rouchon et Juan-José Jaramillo-Holguin sont conviés à s'expliquer devant le juge administratif. Il aura fallu attendre cette audience pour que le binôme des élections départementales... fasse connaissance.
Ils déroulent leur histoire abracadabrantesque.
Ils réaffirment « avoir signé des papiers présentés par des gens du FN quelque semaines avant les élections ».
Mais il n'avait jamais été question pour eux d'être candidats à une quelconque élection, expliquent-ils à nouveau.
Souffrant de cécité, je ne sais même pas ce que j'ai pu signer, plaide Annick Rouchon.
Elle a été entendue par
le rapporteur public.
Pour lui, « ces deux personnes, qui sont de bonne foi,
ont visiblement été abusées. Le binôme ne se connaissait pas et ils ne
connaissaient pas leur mandataire financier ».
Au vu des circonstances très particulières de cette affaire, le rapporteur n'a pas demandé que les deux candidats « malgré eux » soient déclarés inéligibles... Le tribunal administratif a mis son jugement en délibéré.
Source La MontagneAu vu des circonstances très particulières de cette affaire, le rapporteur n'a pas demandé que les deux candidats « malgré eux » soient déclarés inéligibles... Le tribunal administratif a mis son jugement en délibéré.
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