jeudi 13 août 2015

TUER L' AGRICULTURE, C' EST NON SEULEMENT TUER DES PAYSANS, C' EST AUSSI TUER LA FRANCE.


Agriculture : stupidité des décideurs et suicide des nourriciers




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Toute règle a pour limite sa propre finalité.

Ce sont les plus grands juristes qui le martèlent depuis des siècles (ainsi l’axiome summum jus summa injuria, in Cicéron, Traité des devoirs ; ou les travaux de l’immense Josserand, L’Esprit des droits).
Mais personne ne veut le savoir ; ni, a fortiori, se servir de ce principe fondamental pour résoudre l’énigme des sphinx bruxellois et genevois (OMC).
Il est vrai qu’il ne reste plus guère de juristes, remplacés désormais par des légistes obéissants.
Et chacun d’y aller de son avis, accoudé au comptoir, croyant savoir « qu’on n’a pas le droit, ou qu’on a le droit, de faire ceci ou cela ». 
On utilise donc souvent le mot droit en toute ignorance de ce qu’est le Droit.
Ou, ce qui est loin d’être la même chose, la loi.
Cette distinction, Antigone la fit. Pas nous…
Personne ne songerait à soigner un cancer sans un cancérologue.
Mais en droit, chacun est expert, faisant du droit sans le savoir.
Comme M. Jourdain faisait de la prose.

Or, la terre de France saigne, et il est impérieux et urgent de suturer sa blessure avant sa mort, exsangue.
 
Suturer c’est-à-dire :
– sanctionner la concurrence déloyale (en résistant à la loi injuste)
– invoquer les clauses de sauvegarde ( instinct de conservation qui légitime la défense).

Le tout sans oublier que tous les dix ans environ, c’est l’équivalent d’un département agricole qui disparaît sous le béton ou l’asphalte…
 
La France a toujours bénéficié de deux atouts majeurs : sa position géographique centrale qu’elle ne sait pas utiliser pour une grande économie des transports.
Et son agriculture (labourage et pâturage ; et son image gastronomique).

Tout ceci est ruiné par l’incompétence crasse, la lâcheté intellectuelle et l’odieux cynisme de sa classe politique dominante. Depuis 25 ans.
Aujourd’hui, le bla-bla pseudo-technique, borné et stérile de Le Foll
Et nos humbles et dignes nourriciers, eux, se suicident, en silence, écrasés par un système inverti et aveugle.

Or, quand un système ne marche plus (c’est le cas), il faut l’arrêter (ce n’est pas le cas).
À l’origine de ce drame terrible, l’abandon de la politique agricole européenne, qui surveillait l’équilibre des marchés totalement atypiques par leur nature que sont les marchés des produits agricoles.
 Et leur soumission absurde et destructrice à l’idéologie délétère du mondialisme et de la « compétitivité ».
Alors, quelles solutions énergiques et justes ?

1) Fermer la frontière française à toute production agricole :
– de mauvaise qualité, ce qui suppose un rétablissement des contrôles de la sécurité, de l’origine et de la qualité des aliments ; et, donc, de redonner les moyens retirés aux service de l’État et aux associations de consommateurs par Sarkozy (DGCCRF, services vétérinaires, douanes) et non rétablis par Hollande ;
– produite déloyalement : subventions directes ou indirectes (non-application des règles de qualité et de traçabilité, de protection de l’environnement, dumping social par emploi de travailleurs migrants, y compris dans les transports).

2) Si cela ne suffit pas, appliquer les clauses de sauvegarde ;
 car le principe de libre circulation a des limites prévues par les textes eux-mêmes, lorsqu’une filière est en péril. Mais comme il s’agit de mesures temporaires, il faudra réorganiser les marchés par territoires nationaux (comme jadis les systèmes des calendriers de campagnes et des quotas) (art. 36,169, 38 et s., 144 TFUE). D’ailleurs, le Traité européen (TFUE prévoit la nécessité de la PAC (art. 38-4), pour « garantir un niveau de vie équitable aux producteurs » (art. 39-1 b) ; des marchés organisés (40), tenant compte des structures sociales et des disparités du monde rural (art.39-2 a). Rien de ceci n’est fait correctement

3) Enfin, le prochain gouvernement devra, dès 2017 (ou avant, qui sait ?),
impulser un réseau de supermarchés coopératifs paysans de proximité (il en existe déjà). Ce qui permettra de mieux rémunérer la production, tout en améliorant les prix à la consommation, et en réduisant le gaspillage et la pollution carbonés.

Car tuer l’agriculture, c’est non seulement tuer des paysans, mais aussi tuer la France.

Henri Temple via Bld Voltaire

 

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