Samedi 11/07/2015 Marseille Politique régionales
2015
Les proches de Jean-Marie Le Pen demandent la démission de
Florian Philippot
Au lendemain du psychodrame familial qui a secoué le Front
national au printemps, Jean-Marie Le Pen avait promis de ne pas interférer dans
la campagne de sa petite-fille Marion dans le Sud.
Pas grand monde n'a eu la
naïveté de le croire. Alors que Marion Maréchal-Le Pen essayait encore
d'atténuer les répliques de la secousse, cette semaine, sur les plateaux télé,
le patriarche remportait deux batailles juridiques.
Et obligeait le parti à
convoquer un congrès, sans doute à la rentrée, pour pouvoir le destituer.
Cadeau bonus, un petit tweet assassin. "Proverbe
provençal : fais du bien à Bertrand, il te le rend en caguant", lâchait-il
sur les réseaux sociaux.
Pendant qu'à Paris on sortait les dictionnaires,
Marion Maréchal s'inquiétait. "Je pense qu'il m'en veut", glissait la
tête de liste Paca à ses proches. "Cela va la faire mûrir un peu
plus", souffle le sénateur marseillais Stéphane Ravier.
"Jean-Marie redouble de violence parce qu'il voit Marion
en tête des sondages"
Oui, son grand-père troublera sa campagne dans une région où
les Républicains de Christian Estrosi ont envoyé l'artillerie lourde et où la
gauche n'a pas abdiqué.
Ce sont les fidèles de Jean-Marie Le Pen, la
moitié des 20 conseillers régionaux constituant son groupe, qui sont montés au
créneau.
L'attaque est indirecte, elle consiste à demander la démission de
Florian Philippot, vice-président honni pour ses origines politiques
chevènementistes, sa ligne dédiabolisante et son adoration pour
De Gaulle
"Il
a commis des fautes juridiques et politiques et a échoué sur toute la ligne.
Il
a créé un malaise et doit démissionner", martèle le Varois Jean-Louis
Bouguereau, vice-président du groupe FN à la Région et lieutenant historique.
"Les militants sont en ébullition, notamment dans le Var et les Alpes-Maritimes. Marine Le Pen doit nous entendre parce que le mouvement est divisé."
"Les militants sont en ébullition, notamment dans le Var et les Alpes-Maritimes. Marine Le Pen doit nous entendre parce que le mouvement est divisé."
Il est vrai que la nomination d'Olivier Bettati, ancien adjoint
de Christian Estrosi, en haut de la liste dans les Alpes-Maritimes, ne passe pas.
"Il crache à la figure des militants, le malaise est réel", reprend
Jean-Louis Bouguereau.
À Marseille, le conseiller régional Laurent Comas va
plus loin, comparant Florian Philippot à "un gourou d'une secte vaudou qui
endoctrine et intoxique Marion Maréchal-Le Pen et les instances du parti. Il
mène le FN dans une voie mortifère".
Dès hier, lui et Jean-Louis Bouguereau ont été suspendus et
convoqués par la commission de discipline.
"Leurs déclarations sont aussi
scandaleuses qu'hallucinantes.
S'ils avaient fait cela contre Jean-Marie Le Pen
à l'époque, ils auraient été mis à la porte", tempête Frédéric Boccaletti,
directeur de campagne de Marion Maréchal-Le Pen.
Qui reste cependant optimiste
pour sa protégée. "Les gens savent qu'elle est compétente et qu'elle peut
gagner la Région." Stéphane Ravier dédramatise lui aussi. "Jean-Marie
redouble de violence parce qu'il voit Marion en tête des sondages. Ceux qui le
suivent dans cette opération terre brûlée, qui rappelle l'Ordre du temple
solaire, risquent de terminer prématurément leur carrière politique. Qu'ils
gardent la tête froide."
Reste à mesurer leur capacité de nuisance. "Un
épiphénomène", assure Frédéric Boccaletti, alors que Bouguereau et
consorts s'apprêtent à multiplier les coups dans "d'autres
collectivités", comme le conseil municipal de Marseille. "On verra
dans les urnes", nuance un Stéphane Ravier malgré tout méfiant.
Laurent Comas : "J'ai le sentiment de ne plus être au
FN"
Ancien secrétaire départemental dans les Bouches-du-Rhône,
conseiller régional, Laurent Comas accuse. Suspendu, convoqué par la commission
de discipline, il attaque.
Pourquoi vous en prendre à Florian Philippot maintenant ?
Laurent Comas : Pour moi, Philippot est le gourou d'une secte vaudou qui endoctrine et intoxique Marion Maréchal-Le Pen et les instances du FN sans qu'ils le sachent.
Il trace une voie dévastatrice. Il est très dangereux.
Lorsque quelqu'un cesse d'estimer un chef, il cesse de lui obéir. Moi, je
n'estime plus. On va dans une voie mortifère. J'ai le sentiment de ne plus être
au FN. Je me pose des questions sur ce personnage à l'influence néfaste sur
Marine Le Pen. On doit dénoncer cette dérive idéologique et morale.
Quelle est la nature de cette dérive ?
L.C. : Quand on laisse tomber Jean-Marie Le Pen, président-fondateur de ce parti sans lequel on ne serait rien, quand on le met sur le banc des accusés, quand on bénéficie du fond de commerce sans payer les dettes, c'est insupportable.
Les bons résultats que le FN obtient sont imputables à
l'actualité qui plaide en faveur du parti, pas à Philippot.
Il va faire perdre
beaucoup d'électeurs à ce parti. Je me demande si l'argent n'est pas le moteur
de ces manoeuvres abjectes. Jean-Marie Le Pen et son groupe au Parlement
européen ont rapporté 20 millions d'euros au parti.
Après de telles accusations, pensez-vous quitter le parti ?
L.C. : Si ces gens continuent leurs initiatives, cette ligne politique qui bafoue les valeurs du parti, je serai contraint de me retirer.
Je n'ai pas que
la politique dans la vie. Je ne veux pas m'associer à ce parricide. S'attaquer
aux valeurs familiales porte malheur. Je suis libre, je suis loin d'être seul
dans cette démarche, je ne compte pas m'arrêter là.
Il y aura des surprises
dans d'autres collectivités.
Source : laprovence.com
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