dimanche 12 juillet 2015

FOUTOIR EN PACA !



Les proches de Jean-Marie Le Pen demandent la démission de Florian Philippot

Laurent Comas (à droite) accuse le FN d'être "une secte vaudou" et Florian Philippot son "gourou". Stéphane Ravier (à gauche) compare les frondeurs à "l'Ordre du temple solaire"... Photos Nicolas Vallauri

Au lendemain du psychodrame familial qui a secoué le Front national au printemps, Jean-Marie Le Pen avait promis de ne pas interférer dans la campagne de sa petite-fille Marion dans le Sud.
Pas grand monde n'a eu la naïveté de le croire. Alors que Marion Maréchal-Le Pen essayait encore d'atténuer les répliques de la secousse, cette semaine, sur les plateaux télé, le patriarche remportait deux batailles juridiques.
Et obligeait le parti à convoquer un congrès, sans doute à la rentrée, pour pouvoir le destituer.

Cadeau bonus, un petit tweet assassin. "Proverbe provençal : fais du bien à Bertrand, il te le rend en caguant", lâchait-il sur les réseaux sociaux.
Pendant qu'à Paris on sortait les dictionnaires, Marion Maréchal s'inquiétait. "Je pense qu'il m'en veut", glissait la tête de liste Paca à ses proches. "Cela va la faire mûrir un peu plus", souffle le sénateur marseillais Stéphane Ravier.

"Jean-Marie redouble de violence parce qu'il voit Marion en tête des sondages"

Oui, son grand-père troublera sa campagne dans une région où les Républicains de Christian Estrosi ont envoyé l'artillerie lourde et où la gauche n'a pas abdiqué.
Ce sont les fidèles de Jean-Marie Le Pen, la moitié des 20 conseillers régionaux constituant son groupe, qui sont montés au créneau.
L'attaque est indirecte, elle consiste à demander la démission de Florian Philippot, vice-président honni pour ses origines politiques chevènementistes, sa ligne dédiabolisante et son adoration pour
De Gaulle
"Il a commis des fautes juridiques et politiques et a échoué sur toute la ligne.
Il a créé un malaise et doit démissionner", martèle le Varois Jean-Louis Bouguereau, vice-président du groupe FN à la Région et lieutenant historique.

"Les militants sont en ébullition, notamment dans le Var et les Alpes-Maritimes. Marine Le Pen doit nous entendre parce que le mouvement est divisé."
Il est vrai que la nomination d'Olivier Bettati, ancien adjoint de Christian Estrosi, en haut de la liste dans les Alpes-Maritimes, ne passe pas.
"Il crache à la figure des militants, le malaise est réel", reprend Jean-Louis Bouguereau.
À Marseille, le conseiller régional Laurent Comas va plus loin, comparant Florian Philippot à "un gourou d'une secte vaudou qui endoctrine et intoxique Marion Maréchal-Le Pen et les instances du parti. Il mène le FN dans une voie mortifère".

Dès hier, lui et Jean-Louis Bouguereau ont été suspendus et convoqués par la commission de discipline.
"Leurs déclarations sont aussi scandaleuses qu'hallucinantes.
S'ils avaient fait cela contre Jean-Marie Le Pen à l'époque, ils auraient été mis à la porte", tempête Frédéric Boccaletti, directeur de campagne de Marion Maréchal-Le Pen.
Qui reste cependant optimiste pour sa protégée. "Les gens savent qu'elle est compétente et qu'elle peut gagner la Région." Stéphane Ravier dédramatise lui aussi. "Jean-Marie redouble de violence parce qu'il voit Marion en tête des sondages. Ceux qui le suivent dans cette opération terre brûlée, qui rappelle l'Ordre du temple solaire, risquent de terminer prématurément leur carrière politique. Qu'ils gardent la tête froide."


Reste à mesurer leur capacité de nuisance. "Un épiphénomène", assure Frédéric Boccaletti, alors que Bouguereau et consorts s'apprêtent à multiplier les coups dans "d'autres collectivités", comme le conseil municipal de Marseille. "On verra dans les urnes", nuance un Stéphane Ravier malgré tout méfiant.

Laurent Comas : "J'ai le sentiment de ne plus être au FN"

Ancien secrétaire départemental dans les Bouches-du-Rhône, conseiller régional, Laurent Comas accuse. Suspendu, convoqué par la commission de discipline, il attaque.

Pourquoi vous en prendre à Florian Philippot maintenant ?

Laurent Comas : Pour moi, Philippot est le gourou d'une secte vaudou qui endoctrine et intoxique Marion Maréchal-Le Pen et les instances du FN sans qu'ils le sachent.
Il trace une voie dévastatrice. Il est très dangereux. Lorsque quelqu'un cesse d'estimer un chef, il cesse de lui obéir. Moi, je n'estime plus. On va dans une voie mortifère. J'ai le sentiment de ne plus être au FN. Je me pose des questions sur ce personnage à l'influence néfaste sur Marine Le Pen. On doit dénoncer cette dérive idéologique et morale.

Quelle est la nature de cette dérive ?

L.C. : Quand on laisse tomber Jean-Marie Le Pen, président-fondateur de ce parti sans lequel on ne serait rien, quand on le met sur le banc des accusés, quand on bénéficie du fond de commerce sans payer les dettes, c'est insupportable.
Les bons résultats que le FN obtient sont imputables à l'actualité qui plaide en faveur du parti, pas à Philippot.
Il va faire perdre beaucoup d'électeurs à ce parti. Je me demande si l'argent n'est pas le moteur de ces manoeuvres abjectes. Jean-Marie Le Pen et son groupe au Parlement européen ont rapporté 20 millions d'euros au parti.

Après de telles accusations, pensez-vous quitter le parti ?

L.C. : Si ces gens continuent leurs initiatives, cette ligne politique qui bafoue les valeurs du parti, je serai contraint de me retirer.
Je n'ai pas que la politique dans la vie. Je ne veux pas m'associer à ce parricide. S'attaquer aux valeurs familiales porte malheur. Je suis libre, je suis loin d'être seul dans cette démarche, je ne compte pas m'arrêter là.
Il y aura des surprises dans d'autres collectivités.

Source : laprovence.com

 

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