samedi 5 mai 2018

POUR UNE DROITE DU REEL (ROBRT MNARD)


Droite du réel, car Robert Ménard, qui vient de la gauche, n’a pas franchi le Rubicon pour pêcher à la ligne.


Le dernier livre de Robert Ménard s’intitule Pour une droite du réel.

Dans ces quelques mots est contenu tout son combat de ces derniers mois, mais aussi l’immense chantier qu’il s’est fixé, lui dont les proches connaissent l’énergie capable de déplacer les montagnes… et, plus encore que les montagnes, la droite ?
Droite du réel, car Robert Ménard, qui vient de la gauche, n’a pas franchi le Rubicon pour pêcher à la ligne.

Ni regarder les trains passer. En poussant la porte, il a fait indéniablement s’engouffrer un vent de fraîcheur dans cette droite passablement sclérosée et frileuse qui peut ressembler parfois au Cabinet des Antiques…
Dans ce livre-entretien, vif, incisif, facile d’accès – comme son auteur -, dont les lecteurs de Boulevard Voltaire reconnaîtront certains passages, Robert Ménard entend secouer les puces des droitistes défaitistes, des droitards geignards ayant inconsciemment pris leur parti d’être des éternels vaincus et persuadés, avec une fatalité confortable évitant l’examen de conscience, qu’il y a une seule cause, exogène : le système. « Pourquoi les Français ne nous font pas confiance ?

Est-ce la seule faute des médias dont, c’est vrai, la plupart nous font la guerre ?
Est-ce la seule faute du « système » – comme beaucoup le disent dans nos rangs ? », interroge-t-il.
Droite du réel, car en plus d’une droite qui « ose bousculer ses vieilles habitudes, se défasse de ses œillères », Robert Ménard appelle de ses vœux « une droite qui sache s’unir et cesse de s’entretuer ».

Et comme, chez lui, il n’y a jamais loin de l’idée à l’action, il vient justement de (co)lancer « l’Appel d’Angers ».
Droite du réel, car l’éloignement du pouvoir pousse aux idées éthérées, à l’idéal pur, sans taches, et déconnecté.

Loin du concret. « Ce texte, dit-il, se nourrit de [son] expérience d’élu de terrain […] On apprend plus en se frottant au quotidien de ses concitoyens que dans bien des colloques, fussent-ils les mieux fréquentés » :
« On ne fait rien contre le réel […]
Les théories les plus séduisantes se cassent souvent le nez sur les aspérités de la vie. »
Droite du réel, car sa vocation n’est pas d’être gardienne d’un parti quel qu’il soit, mais vise à un « printemps de la droite » qui, avant de cueillir les fruits électoraux, cultive les racines et fait fleurir une contre-culture. En politique, Robert Ménard est un paysan quand d’autres sont des fonctionnaires.
Droite du réel, qui passe par la quête de vérité.

Par honnêteté. Même si celle-ci gêne aux entournures.
« Droite du réel » devrait être un pléonasme, son empirisme pragmatique s’opposant en théorie à l’utopisme idéologique de gauche. Et le côté saint Jean Bouche d’or de Robert Ménard bouscule : « Il me semble un peu court de remplacer un atlantisme – honni à juste raison – par un culte béat de Vladimir Poutine. » Ou encore :
« Les mêmes qui se félicitent de la montée d’un sentiment identitaire au sein du peuple français poussent des cris d’orfraie lorsqu’il s’agit du peuple corse. »
Ce petit livre est comme un gant de crin, qui irrite, mais vivifie. Robert Ménard, que nul n’a encore réussi à enfermer dans une case, a son franc-parler, mais ses reproches parfois sévères, ses assertions en boulet de canon sont exempts de yaka-faukon car empreints d’une certaine humilité.

Il cite Albert Camus : « S’il existait un parti de ceux qui ne sont pas sûrs d’avoir raison, j’en serais. »
Nul n’est forcé d’être toujours d’accord, on peut même juger que l’emportement épidermique prime parfois sur la cohérence – comment se dire conservateur, vouloir bâtir une contre-culture et fustiger « la droite naphtaline obsédée par l’avortement ou l’euthanasie » ? – pour faire route commune avec lui. C’est même tout le principe. Le syndrome du drapeau blanc du comte de Chambord, la droite qui a les mains pures, mais, comme dirait Péguy, qui n’a pas de mains, très peu pour lui. Au-dessus des mains, il y a les manches, que Robert Ménard enjoint chacun à se retrousser.


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