Même si (une fois n’est pas coutume) la pitoyable
nullité de leur dernière invention provoque une formidable envie de rire.
Qu’on
en juge.
Le PS est moribond. Dans la région Nord
Pas-de-Calais-Picardie, il pourrait bien se retrouver en 3e position et
assister, impuissant, à la victoire de la liste conduite par Marine Le Pen.
La
tête de liste pour le Pas-de-Calais, Frédéric Cuvillier, dont on apprend qu’il
fut ministre sans se souvenir de ses fonctions, mais sans doute pas de la
propagande, a décidé d’innover.
Son combat, c’est celui de la démocratie contre
le fascisme. Quoi de mieux qu’une chanson pour l’ancrer au plus profond des
esprits ?
Sur un air de bal musette,le rythme
ternaire de l’accordéon joue une mélodie entraînante qu’on sait par cœur dès
les premières mesures. ( Quand la mer monte ).
Mais l’auteur-compositeur-interprète révèle toute
l’étendue de son talent avec des paroles dignes de Béranger :
« Quand
Le Pen monte, j’ai honte, j’ai honte. Quand elle descend, j’suis content. […]
Quand elle s’ra basse, elle r’prendra le train d’Arras. […] Allez-y les amis,
faites savoir qu’par ici, y’a pas d’place pour la haine du FN. Pas d’place pour
l’extrême droite et sa pensée étroite ».
Cette jolie production prend un accent
folklorique lorsque Cuvillier et ses amis chantent en chœur :
« On
est du Pas-de-Calais, des éfants d’ouvriers, qui nous ont tout donné ; des
éfants d’travailleurs, qui avaient tous grand cœur, qui ont fait nos valeurs,
notre honneur ; cirés jaunes ou gueules noires, pleins d’espoir, un seul
mot à clamer : dignité. »
Il n’est pas certain que les « éfants
d’ouvriers » concernés soient spécialement sensibles à cet hommage venant
d’un parti qui ne représente plus que la bourgeoisie mondialiste
boboïsante ; aux propos de gens qui ne cessent, depuis trente ans, de
trahir les espoirs d’une classe ouvrière abandonnée à son sort ; au
racolage de politiciens qui ont ouvert en grand les frontières, laissé faire
les délocalisations, encouragé le vandalisme des syndicats opposés à toute
réforme, et finalement fait d’une des régions les plus industrielles de France
un désert de chômage, d’alcoolisme, d’assistanat social et, désormais, une
terre d’immigration de masse.
Dans la région, les ouvriers déçus par les
promesses de Grand Soir jamais tenues votent en majorité pour le Front
national.
Ils le font parce qu’ils ont pris conscience que leur dignité s’était
évanouie en même temps que fermaient les entreprises.
Parce qu’ils savent que
les gigantesques usines chinoises produisent désormais les produits
manufacturés qu’ils fabriquaient autrefois, pour dix fois moins cher.
Que les
« acquis sociaux » dont on leur a juré, la main sur le cœur, qu’ils
seraient défendus jusqu’au bout n’ont pas résisté à la désindustrialisation
massive du pays des terrils.
Que les incessantes tracasseries de
l’administration bruxelloise empêchent les pêcheurs de pêcher, les routiers de
conduire, les entrepreneurs d’entreprendre, les épargnants d’économiser ;
parce qu’ils voient leurs enfants scolarisés dans des écoles où, pour tout
savoir, on leur inculque le dogme de la non-discrimination et qu’ils en sortent
souvent en échec scolaire.
La ficelle est tellement grosse qu’elle
confine au comique de situation.
Alors, si cette indépassable œuvre d’art
populaire pouvait au moins les faire rire, même jaune comme les cirés des
marins de Boulogne, elle leur fera oublier leurs idées parfois aussi noires que
les corons de Bully-les-Mines.
Allez, on a bien rigolé, on termine la
Jupiler et on retourne faire la queue à Pôle emploi.
Source : Bld Voltaire
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire