mercredi 2 septembre 2015

CHARTE DE LA LAÏCITE .


Respecter la « Charte de la laïcité » ? Allons-y, mais jusqu’au bout, alors !



L’enfer est pavé de bonnes intentions. Ou d’hypocrite naïveté, ce qui revient au même.
 
Dans une France qui, pensait-on alors, devait être Charlie depuis le fond des campagnes jusqu’à la pointe des pompes ministérielles et de la teinture présidentielle, germa l’idée d’une nouvelle religion universelle. Un truc à travers lequel tous les gens du monde voudraient se donner la main : la sacro-sainte laïcité, estampillée Laïcité à la française.

Cette charte qui compte quinze articles doit être signée en ce jour de rentrée par les parents d’élèves, priés d’y adhérer comme ils adhèrent en principe aux valeurs essentielles de la République. Une « République indivisible, laïque, démocratique et sociale », nous dit l’article 1.

L’article 2 précise la neutralité de l’État relativement aux convictions religieuses, et le 3 assure que tout est possible « dans le respect [des convictions] d’autrui et dans les limites de l’ordre public ». Admettons.

C’est après qu’on commence à rigoler…

Primo, sachant à quels « publics » (mot consacré) s’adresse la charte en question, on se demande combien de parents vont bien pouvoir comprendre quelque chose à ce qu’on leur demande de signer !
 Il n’est pas sûr, en effet, que l’article 12 –

 « Afin de garantir aux élèves l’ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu’à l’étendue et à la précision des savoirs, aucun sujet n’est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique »

 – soit compris par tous, même s’ils lisent le français

Surtout, on met l’État au défi de s’en tenir fermement à ce qu’il énonce comme principes intangibles. Par exemple, l’article 6 :

« La laïcité de l’École […] protège [les élèves] de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix. »

 Sur le plan religieux, on veut bien y croire, mais sur celui des idées et de la politique, c’est un mensonge éhonté.

Tout comme l’article 8 qui n’est aujourd’hui qu’un vœu pieux :

 « La laïcité permet l’exercice de la liberté d’expression des élèves dans la limite du bon fonctionnement de l’École comme du respect des valeurs républicaines et du pluralisme des convictions. »

Et plus encore l’article 11 :

« Les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions. »

 Ah ! Ah ! Ah ! Elle est bien bonne…celle là !

Plus on y réfléchit, plus on constate que cette charte – sous couvert d’organiser un pluralisme tranquille respectueux des consciences – peut devenir dans son application tout à la fois extrêmement liberticide et mensongère quant à la philosophe qu’elle prétend défendre.

Liberticide car elle pourrait interdire la discussion des grands sujets sociétaux – après le « mariage pour tous », la PMA et GPA pour les couples gay, la réflexion sur le genre, etc. – au motif que toute position serait désormais imputable à des convictions religieuses.

Mensongère car la laïcité telle qu’elle est énoncée dans cette charte voudrait qu’on supprimât dès aujourd’hui (un exemple) les menus spéciaux des cantines : demain cochon pour tous, et pas question d’y déroger. Ce qu’on ne fera évidemment pas.
.
Cela met en lumière le problème auquel se heurte aujourd’hui notre République (et ses voisins n’y échappent pas) : la mondialisation des croyances et des cultes, qui rend justement tout à fait aléatoires les définitions du bien et du mal, du vrai et du faux, de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas, du pudique et de l’impudique, de l’essentiel et de l’accessoire…

Impuissant, le gouvernement s’accroche à sa charte de la laïcité comme un naufragé à sa bouée.
Au milieu de l’océan, alors que la tempête menace, c’est sans doute un peu tard.
.

Source : Bld Voltaire

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire