L’ancien secrétaire général du Front national, poussé dehors en 2008, verrait bien sa petite boutique du Parti de la France, 2000 adhérents, devenir « la structure d'accueil naturelle » des déçus de Marine Le Pen.
L'intéressé, 58 ans, kiné le matin et homme politique l'après-midi, s'est fixé l'objectif de doubler ses effectifs en deux ans.
Carl Lang avait adhéré
au FN en 1978 « par anticommunisme et patriotisme » et face à « la
droite faisandée et décadente de Giscard », à l’époque où Jean-Marie Le Pen
apparaissait comme un possible « Reagan français ».
Elu trois fois
député européen, trois fois conseiller régional de Haute-Normandie puis du
Nord-Pas-de-Calais, il voit sa carrière interrompue brutalement pour avoir
défié Marine Le Pen dans le Nord-Pas-de-Calais
Il part en 2009 fonder le Parti
de la France avec des « historiques », des « durs de durs » comme Martine
Lehideux, Bernard Antony, Martial Bild, Fernand Le Rachinel (l'ex financier du
FN) et les anciens députés Roger Holeindre, Pierre Descaves (décédé en 2014),
Jean-Claude Martinez et Christian Baeckeroot.
Pour tous ceux-là,
Marine Le Pen n’est qu’une « usurpatrice », « inapte à la gestion
d’un parti, encore moins d’un pays », dit Carl Lang, qui la décrit comme «
dangereuse, violente, brutale, méprisante», ayant «une gestion tyrannique du FN
».
Mais pas Jean-Marie Le Pen, qui l'a pourtant poussé dehors ? « Il
pouvait être autoritaire et cassant », reconnaît Carl Lang.
Mais à
l’entendre,en ces temps de « dédiabolisation », le « diable » du Front
national serait une diablesse, et la rupture entre le père et la fille restera
selon lui pour Marine Le Pen « une souillure morale », alors que son
père « l'avait imposée contre vents et marées » à chaque échelon du
parti.
Ce qui lui fait ajouter, dans un alexandrin involontaire : « Il a
creusé le trou dans lequel elle le jette. »
Pire encore, aux yeux
de Carl Lang,
Marine Le Pen « est de gauche, pas de droite.
Elle n’est pas
légitime pour défendre les idées de la droite nationale. C’est une
souverainiste réfugiée dans le populisme démagogique.
Ses idées ne correspondent
pas à celles du parti pour lequel votent ses électeurs. En 2007, elle a
entraîné son père dans une campagne à la tonalité chevènementiste alors que
Florian Philippot n'était pas encore arrivé ».
Il lui reproche aussi de ne
pas s’être associée aux manifestations contre le mariage homosexuel: «
C’était le plus grand mouvement de protestation depuis les manifs pour l'école
libre en 1984, accuse Carl Lang, et elle a réussi l’exploit de ne pas s’y
associer. C’est une immense faute politique.»
En face d’elle, Carl
Lang, qui n'avait pas été choqué par l'interview de Jean-Marie Le Pen à
Rivarol, veut « incarner la vraie droite ». Dans le programme de son parti, il écrit:
« Le gouvernement de gauche organise la liquidation de la France française, de la France chrétienne, de la France de l’entreprise, du travail et de l’épargne. La persécution fiscale des ménages et des entreprises, le laxisme judiciaire, les naturalisations massives d’étrangers, le mariage homosexuel et l’adoption d’enfants par les couples homosexuels, l’aggravation de la colonisation migratoire de notre pays et les gaspillages publics d’un pouvoir irresponsable sont des mesures de destruction de la France. »
Il ajoute qu'il
« revendique de représenter la droite nationale et la droite des valeurs, pour laquelle il y a un espace politique d’autant plus large que Marine Le Pen dérivera ».
En fin d’année, il
lancera « une première campagne de sensibilisation auprès des maires »,
dans l’espoir de recueillir les 500 parrainages.
Sans conviction. En revanche,
il entend présenter une centaine de candidats aux législatives, qui permettent
de bénéficier du financement public.
Aux départementales, les binômes du Parti
de la France ont obtenu entre 1,5% et 4,3% des voix, avec un pic à 16% dans un
canton de Charente où le FN ne présentait pas de candidats.
Carl Lang a-t-il revu
Jean-Marie Le Pen ?
« Le contact a été rétabli », répond Lang.
Le 5
septembre, à Marseille, certains de ses hommes, («
des voltigeurs de pointe », dit-il) assuraient le service d'ordre du
déjeuner du fondateur du FN.
Mais, affirme Carl Lang, « je ne pouvais pas
engager davantage le parti ».
Question subsidiaire: Le Pen pourrait-il, en
2017, appuyer une candidature Lang rien que pour tenter d'empêcher sa fille
d'être au second tour de la présidentielle ?
Pour l'instant, Jean-Marie Le Pen
a choisi le combat au sein du FN. Mais pour Carl Lang, « tout est possible ».
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