Où étaient-ils, ces gens si généreux aujourd’hui, si absents,
si hostiles en 1962 ?
Qu’il y ait en ces jours rassemblements et pétitions pour
ceux qui fuient les décapitations par les islamistes, c’est louable.
Mais
combien de Français se sont rassemblés ou ont pétitionné pour nous défendre en
1962 – j’avais 16 ans – à notre arrivée d’Algérie (française), notre terre
natale ?
Le réalisateur Bernard Murat, suivi par 66 « pros »
du spectacle, appelle à soutenir les réfugiés :
« Nous ne pouvons
pas rester claquemurés dans l’indifférence et le silence devant la tragédie de
ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui meurent, faute d’être
accueillis, victimes de la barbarie… »
Que n’a-t-il écrit les mêmes
phrases en 1962 à l’adresse des pieds-noirs et harkis, « victimes de la
barbarie »
d’autres égorgeurs ?
Né en… Algérie, à Oran, mais étant depuis longtemps à Paris,
il avait alors 21 ans : a-t-il été parmi la minorité de Français nous
ayant secourus ou parmi la majorité de « métropolitains » qui, à
l’image d’un Jean-Paul Sartre ou du socialiste Gaston Defferre, futur ministre
de l’Intérieur de François Mitterrand, ont été hostiles à notre venue ?
A-t-il protesté contre ce Defferre haineux ordonnant « que les
“pieds-noirs” aillent se réadapter ailleurs » ?
A-t-il dénoncé
Jean-Paul Sartre pour ses propos sur les Français d’Algérie : « …
il faut tuer : abattre un Européen, c’est faire d’une pierre deux coups,
supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme
mort et un homme libre : le survivant. »
(préface des Damnés de la
terre
, du
tiers-mondiste Frantz Fanon, 1962)

Ces mêmes questions sont à poser aux pétitionnaires qui, en
1962, étaient eux aussi en âge de réagir à notre exode :
Line Renaud (34
ans) ou Pierre Arditi (18 ans)…
Ainsi qu’aux Français ouvrant grand leurs bras
à ceux qui, c’est vrai, méritent un havre de paix.
Mais où étaient-ils, ces
gens si généreux aujourd’hui, si absents, si hostiles en 1962 ?
C’est un fait : les photos d’enfants (cathos, juifs,
musulmans) émasculés puis égorgés par leurs amis du FLN n’étaient pas publiées
mais censurées !
Et mes parents, « les oppresseurs » selon
Sartre, passaient pour des gens bardés d’or après avoir fait « suer le
burnous » : mon père, fort de son « certif’ de
maréchal-ferrant »(et j’en suis fier) a évolué jusqu’à mécanicien sur
avion et ma mère se vantait (et je l’admirais) de son « certif’ de
sténodactylo ».
cinq fils, ils ne roulaient pas sur l’or !
était là pour nous accueillir ?
Toutefois, notre malheur était encore
enviable face au drame des harkis qui, au lieu d’honneur, étaient honnis par
ceux qui, en cette fin d’été, ouvrent leur porte aux victimes d’une même
barbarie…
Mais notre plus grand tort, alors, n’était-il pas, pour
l’intelligentsia, que nous tous, pieds-noirs et harkis, n’étions que de
modestes… Français ?
.
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