La gauche morale
avait arrêté que ce parti, qui avait la fâcheuse manie de nommer les choses par
leur nom, était le mal incarné dans notre vie politique et, n’ayons pas peur
des mots, dans notre société tout entière
.
Le 20 août 2015 restera sans doute une journée noire pour
tous ceux que cela arrangeait bien d’avoir un Front national condamné au rôle
d’éternel contestataire à droite de l’échiquier politique.
Un parti de
contestation qui – affirmaient ceux qui ne se posaient pas de questions et,
donc, n’avaient pas de réponses à donner – posait les bonnes questions et
proposait les mauvaises réponses.
Effectivement, le Front national, c’était mieux avant.
La
gauche morale avait arrêté que ce parti,
qui avait la fâcheuse manie de nommer
les choses par leur nom,
était le mal incarné dans notre vie politique et,
n’ayons pas peur des mots, dans notre société tout entière.
Un arrêt sans
appel, comme ceux rendus par les tribunaux révolutionnaires, qui frappa du coup
d’hémiplégie pour des décennies la droite « classique » qui
s’empressa de se qualifier de républicaine.
Un arrêt qui établit par contrecoup
une curieuse hiérarchie des délits : abus de biens sociaux, corruption,
abus de confiance, détournements de fonds publics et autres trafics d’influence
sont désormais des peccadilles, des incivilités en quelque sorte, à côté des
monstrueux délits d’opinion.
Évidemment, le Front national, c’était mieux avant.
À
quelques exceptions qui permettent de confirmer une loi inique : le mode
de scrutin aidant, on était tranquille, entre soi, pour transposer benoîtement
les directives européennes en lois de la République et, ainsi, transformer la
plus vieille nation d’Europe en sous-préfecture d’une sorte de Technoland sans
queue ni tête.
Ou bien, au plan local, pour se passer à tour de rôle l’arrosoir
à subventions qui permet de conserver au mot « client » son sens antique
le plus pur.
Et puis, vous connaissez la suite…
Le parti de contestation
est devenu un parti d’opposition, même si, encore aujourd’hui, les portes du
Parlement lui sont à peine entrouvertes.
Un parti qui représente pratiquement
le tiers des citoyens participant encore au débat démocratique dans ce pays.
Et
donc, un parti d’opposition, c’est-à-dire un parti qui a vocation à gouverner
ou à participer au gouvernement de la France, un jour ou l’autre.
Et c’est là que les choses se gâtent.
À gauche, bien sûr,
malgré les histoires de billard à deux bandes inventées naguère par la droite
républicaine, car rien n’interdit désormais de penser que la gauche n’ait à
retourner à Canossa ou à la pêche au second tour des présidentielles en 2017.
Du côté des LR aussi et, peut-être, surtout.
Si le FN n’est plus
« diabolique » et que les Français doutent, jusque dans l’isoloir, de
la capacité de cette droite républicaine à prendre à bras-le-corps les sujets
essentiels que sont notre identité et notre souveraineté: pourquoi,
effectivement, feraient-ils demain ce qu’ils n’ont pas fait hier ?
Or, le diable est peut-être dans les détails, mais
s’incarnait surtout dans une personne.
Et cette personne est désormais persona
non grata dans son parti, que cela plaise ou déplaise.
C’est un fait et les
faits sont têtus.
En cette époque post-soixante-huitarde où l’on réclame de
l’autorité à tous les étages, on pourrait tout de même mettre cette autorité au
crédit de celle qui préside ce que l’on peut appeler aujourd’hui un grand parti
d’opposition.
C’est toujours mieux que la fameuse synthèse hollandaise qui nous
mène à rien, ou plutôt au néant.
Une journée noire, disais-je, mais peut-être pas du côté de
Saint-Cloud, comme beaucoup – et on peut le comprendre – semblent le dire.
Vraiment, le FN c’était mieux avant…
Georges Michel via Bld Voltaire
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