Dès 2016, les
commerces auront le droit d’ouvrir douze dimanches par an.
La mesure phare de la loi Macron aura fait couler
des torrents d’encre et irradié les débats parlementaires : dès 2016, les
commerces auront donc le droit d’ouvrir douze dimanches par an.
À Paris, douze
zones touristiques internationales (ZTI), autorisées à turbiner jusqu’à minuit,
ont ainsi été délimitées, comprenant la quasi-totalité des gares et des centres
commerciaux… dont certains fort peu fréquentés des touristes.
La FNAC peut
jubiler.
Elle qui déplorait le rejet de l’amendement visant à étendre la loi
aux biens culturels, en juin dernier, se retrouve présente dans toutes les ZTI.
Le hasard fait bien les choses…
Colère des syndicats, qui voient là rien de
moins qu’un subterfuge conduisant à une « généralisation du travail du
dimanche ».
Pour le coup, ils n’ont pas tout à fait tort.
D’autres tablent davantage sur 20.000 maximum.
Une étude de 2008 du CREDOC indiquait, en outre, que l’ouverture le dimanche (qui génère jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires) ne profiterait qu’aux grandes enseignes, tandis que 16.000 postes pourraient être détruits dans le petit commerce.
En Italie, la libéralisation du travail en 2012 aurait débouché sur la fermeture de 32.000 entreprises et la perte de 90.000 postes, selon la fédération patronale Confesercenti.
Au Canada, entre 1 et 3 % d’emplois seulement auraient vu le jour depuis une trentaine d’années.
Les partisans de la loi vous dégaineront l’argument
fallacieux de la « liberté individuelle ».
Après tout, 29 % des
actifs français travaillent déjà le dimanche ; pourquoi vouloir
l’interdire aux autres s’ils veulent en faire autant ?
Peut-être pour
éviter qu’ils soient totalement conditionnés par la logique purement
consumériste du « gagner toujours plus pour consommer toujours plus »
qui amène à accepter n’importe quelle concession contre une poignée de
fifrelins.
Peut-être parce qu’à terme, la banalisation du travail dominical
aplanira les compensations financières censées en découler et n’augmentera pas
de manière significative le pouvoir d’achat.
Peut-être parce que
l’épanouissement individuel passe d’abord par la vie privée, et que l’humain
n’est pas voué à devenir un simple outil de production économique en phase de
précarisation aiguë et à la disposition du marché.
Le travail dominical est à la fois une marche
arrière sociale et une fuite en avant sociétale.
Il asservit les employés et
conforte les consommateurs dans l’idée que leurs désirs d’achats compulsifs doivent
être exaucés à chaque instant.
L’assouvissement doit être immédiat et à portée
de main.
L’infantilisation, encore et toujours.
Le dimanche deviendra un jour
comme un autre, avec son lot d’embouteillages, de nuisances sonores, de
populace agglutinée, au grand dam des riverains.
Tout cela pour satisfaire les
grands magasins et donner l’illusion de lutter contre le chômage, à défaut de
mettre en place des dispositifs réellement efficaces pour inciter les PME à
investir et embaucher.
« Le combat de 2012, c’est de préserver le
principe du repos dominical, c’est-à-dire de permettre aux travailleurs de
consacrer un jour de leur semaine à leur famille, au sport, à la culture, à la
liberté.
Et j’y veillerai », déclarait,
en 2012, François Hollande.
Le même qui avait promis d’inverser la courbe du chomâge et
d’être le président du redressement.
Eloïse Gloria via Bld Voltaire
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