René Galinier, 78 ans, est manifestement un brave homme qui,
jusqu’au 5 août 2010, coulait des jours à peu près tranquilles dans sa petite
maison de Nissan-lez-Ensérune (Hérault).
Et le voilà désormais jugé par la cour
d’assises de l’Hérault, à Montpellier, où sa peine vient d’être
prononcée : 5 ans de prison dont 4 ans avec sursis.
Son crime ? Ce même 5 août 2010, cambriolé une fois de
plus, une fois de trop, il s’énerve, prend son fusil de chasse et tire par deux
fois sur les intrus ; ou les intruses, pour être plus précis. Salena et
Marina ; jeunes filles d’origine serbe, des « gens du
voyage », comme l’on dit pudiquement.
Il est un fait que lorsque papy
Galinier sort le flingo, c’est pas pour faire les carreaux. D’où blessures
évidentes pour les deux adolescentes.
L’une n’enfantera jamais, l’autre traîne
depuis une patte folle.
René Galinier, évidemment, qui n’est pas une brute, a exprimé
ses « regrets sincères », formule de rigueur devant les juges.
Mais bon, il était tout de même un peu chez lui, et ces deux gamines pas
véritablement chez elles.
Mais qui, détail d’importance, n’ont pas été
poursuivies par la justice, alors que le motif était un brin évident.
Le
coupable, c’est René Galinier, forcément. Alors ? Alors, rien.
Pourtant,
même Le Parisien de ce vendredi admet : « Bien sûr, ce
procès n’est pas celui des cambrioleuses […] mais un peu celui des casses
organisés et du sentiment d’insécurité.
Cette “crainte” qu’inspirent les “gens
du voyage” à tout le village de Nissan, dont les habitants sont venus en masse
soutenir leur ami et voisin surnommé “Néné”.
Ils adhèrent à la thèse de
“l’autodéfense” de l’accusé, défendu par les avocats Gilbert Collard (RBM-FN)
et Josy-Jean Bousquet (non-inscrit). »
Mais là où l’affaire en vient à défier les lois du bon sens
et de la raison la plus élémentaire, c’est quand Marina et Salena exposent leur
système de défense, manifestement issu des cogitations stratosphériques d’un
avocat qui devait au moins être ivre mort au moment des délibérations.
Marina : « Je ne peux plus rien faire, je ne pourrai plus jamais
travailler… »
Et, à la légitime question posée par les juges,
consistant à mieux déterminer en quoi consistait son travail, cette réponse,
désarmante de naïveté :
« Travailler ? C’est-à-dire
voler… »
Malaise dans le prétoire, fort bien rendu par la journaliste
du Parisien : « À l’évidence, Marina espère l’indemnisation
qui compensera la gravité de ses blessures et peut-être… le manque à gagner.
Elle se rend compte de la maladresse de son propos, son avocat, Silvio
Rossi-Arnaud, conteste la traduction, mais le jury a bien entendu. »
Bonne
nouvelle ? René Galinier, quant à lui, explique son geste par la peur de
perdre sa maison et ajoute : « J’ai pas eu de chance. Ça aurait pu
arriver chez ma voisine et, malheureusement, c’est arrivé chez moi… »
Autrefois, on ne s’indignait pas que certains marins se
noient en mer, que d’autres couvreurs tombent des toits, que tant de policiers
décèdent en service et que d’innombrables soldats aient pu mourir au front.
Il
s’agissait simplement des risques de métiers que tous avaient choisis en
connaissance de cause.
Même les truands de naguère, quand ils partaient en
prison, évoquaient seulement un « accident de travail ».
Tout cela pour dire que des voyous ou des voyouses, pénétrant
par effraction dans le domicile d’un paisible vieillard, savent mieux que
personne les périls qu’elles peuvent éventuellement encourir.
Si elles
n’assument pas, on manque encore de bras à La Poste…
Pour le reste, vive René Galinier, et une pensée émue pour
Jean Gabin dans La Horse !
Nicolas Gauthier via Bld Voltaire
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