En un
demi-siècle de guerres où elle a entraîné le monde, l’Europe a perdu sa
prééminence et ses colonies.
Comme les Cités grecques au lendemain des guerres
du Péloponnèse, et de leurs suites, avaient perdu leur puissance et leur
indépendance au profit de la Macédoine et de Rome, de même les Nations
européennes soumises aux protectorats américain et russe ont vu leurs politiques
guidées par le conflit des deux empires.
L’image du G7 réuni en Bavière en
l’absence de la Russie illustre l’aboutissement du processus.
Le vainqueur
américain conduit le bal d’une Europe unie dans l’impuissance.
Le G7 a
l’apparence de la réunion des pays les plus riches économiquement, sept des dix
PIB les plus importants de la planète. L’absence de la Chine, de l’Inde, du Brésil, voire du Mexique, l’éviction stupide de la Russie révèlent une première réalité : c’est le club des « occidentaux », des satellites des Etats-Unis, Japon compris.
Les mauvaises langues, comme les manifestations altermondialistes qui ont jalonné ces rencontres, soupçonnent celles-ci d’être les réunions des commis d’un gouvernement mondial occulte.
Celui-ci orchestrerait la mondialisation, la libéralisation, la déréglementation…. l’étouffement des peuples et la fin des démocraties, bref le triomphe des idées propagées par des groupes d’influence comme Bilderberg qui réunissait lui 140 « gens qui comptent » dans un hôtel du Tyrol autrichien. Juppé y était… à l’affût.
Sans retenir ces hypothèses conspirationnistes, on tirera du G7 trois conclusions.
D’abord,
c’est le sommet inutile de l’impuissance.
Une téléconférence n’aurait pas coûté
360 millions d’Euros pour un échange qui n’a conduit à aucune décision. On a
certes convoqué le Président nigérian Buhari aux prises avec Boko Haram qui
continue ses exactions dans le nord du pays et les Etats voisins, et de même,
le Premier Ministre irakien, Al Abadi, alors que l’action homéopathique
conduite apparemment par les USA et leurs alliés n’a guère affaibli le «
califat » de Mossoul.
Le terrorisme était à l’ordre du jour, mais aucune action
militaire sur le terrain ne semble être envisagée pour stopper l’avancée des
djihadistes en Syrie, en Irak, et en Libye, mettre un terme aux vagues
d’immigration malvenues de ces pays de non-droit, et faire cesser l’image
enthousiasmante pour certains d’un islam conquérant face à un occident lâche et
impotent.
Le G7 d’Elmau présente l’intérêt d’établir la hiérarchie entre ses membres.
Il y a bien sûr le suzerain venu de Washington, son fidèle lieutenant britannique, toujours tourné vers le grand large, et son fondé de pouvoir sur le continent européen, Mme Merkel, forte de la puissance économique de son pays et du rayonnement allemand sur le nord et l’est de l’Europe, tandis que les espérances méditerranéennes de la France sombraient dans les printemps arabes, la stupide aventure de Sarkozy en Libye et les difficultés du sud de l’Europe.
Le blocage de la situation vis-à-vis de la Russie, l’inaction scandaleuse contre l’Etat islamique traduisent ce rapport de force.
Les intérêts réels et les alliances paradoxales des Etats-Unis au Proche-Orient, leur obsession anti-russe l’emportent au point d’anesthésier toute politique européenne.
L’Allemagne qui est toujours passée d’un excès à l’autre paralyse l’action militaire de l’Europe en Méditerranée par son pacifisme bêlant.
Monsieur Tusk, le Président du Conseil Européen ose annoncer que le consensus ne pourra se faire qu’en vue d’un renforcement des sanctions contre Moscou. Où est passée la France ?
Le G7 est,
paraît-t-il, le club fermé des grandes démocraties.
Il est de ce point de vue
plaisant d’y voir figurer le Président du Conseil Européen, dont le parti vient
de perdre l’élection présidentielle en Pologne et le Président de la
Commission, lui-même battu dans son Grand-Duché, si petit et si bancaire.
Curieuse conception de la démocratie qui consiste à mettre les peuples entre
parenthèses afin de faire avancer les idées économiques ou sociétales que
l’oligarchie qui règne de fait dans nos pays juge incontournables.
Il ne paraît
d’ailleurs pas illogique à ces démocrates auxquels s’est jointe la Directrice
Générale du FMI que le choix du peuple grec soit sans conséquence.
Il est vrai
que le peuple grec voulait à la fois l’huile d’olive, son argent et le sourire
de Mme Merkel… une autre façon de montrer qu’Europe et démocratie ne sont guère
compatibles.
L’humanisme qui anime les membres du G7 ne les empêche nullement,
tandis qu’ils condamnent Poutine et Assad, d’entretenir les meilleures
relations avec les monarchies absolues et wahhabites du Golfe, et pour certains
d’oeuvrer encore pour l’entrée de la Turquie dans l’Union. Nous sommes bien
loin de l’Europe rêvée par ses pères démocrates-chrétiens au lendemain de la
chute du nazisme et face à Staline.
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